LE « CERCUEIL DES PAUVRES »

Outre la plus vieille cloche de la région fondue en 1485, Saint Maurice, possède l’un des trois « cercueil des pauvres » recensés pour l’instant en Essonne. En fait, le terme le plus approprié serait : « la bière des pauvres » A l’époque des Francs, les morts étaient enterrés sur une simple planche ou civière, la « béra », qui donnera « bière ». Vers la fin du XIIe  siècle l’usage des cercueils (nom issu de sarcophage) se généralisa dans les classes aisées mais on conserva le terme de «  mise en bière ».

Dans toute société, ce qui touche à la mort a toujours été codifié et a conduit à l’établissement de règles et rituels dans lesquels les communautés se reconnaissaient. Dans l’occident chrétien ensevelir les morts était l’une des sept Œuvres de Miséricorde, obligations majeures du croyant. *1. Ce rituel, confié jusqu’à la fin du XIXème siècle à l’église, constituait une ressource non négligeable pour les fabriques des églises et des consistoires (Chaptal ministre de l’intérieur 1804). Il pouvait exister jusqu’à sept classes d’enterrement de la plus chère avec tentures, cloches, officiants, porteurs, bière et corbillard attelé, jusqu’à la dernière réservée aux pauvres et qui était minimaliste.

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En général les pauvres sont enterrés tôt le matin ou tard le soir. Quand on parle de pauvre à l’époque l’assimilation est fréquente entre les ouvriers et les pauvres qui n’ont que leur travail pour subsister. Ce terme de pauvre est ambigu et se distingue mal de celui d’ouvrier et de celui d’indigent. Au début du XIXeme siècle, l’âge moyen à la mort est de 35 ans pour les hommes ; 49 ans pour les bourgeois et guère plus de 32 pour ceux issus du peuple. Ces pauvres, depuis le XV eme siècle, n’avaient pas les ressources nécessaires à la fabrication d’un cercueil. Alors, pour les accompagner dignement au cimetière, on commença à faire usage d’une bière fabriquée par un artisan local, qui restait la propriété de la paroisse et servait à les transporter de leur domicile à l’église et de l’église au cimetière qui à l’époque jouxtait le lieu de culte *2. Le corps déposé dans la fosse, le cercueil était récupéré et entreposé dans les dépendances.
 
Jusqu’à quand fut-il utilisé ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Si le décret du 23 Prairial an X (18 juin 1804) crée un cadre strict pour les sépultures, localisation, tailles, profondeur et bien que mentionnant le nom de bière, il ne fait pas obligation d’utiliser un cercueil tel que nous le connaissons aujourd’hui. D’ailleurs, à Lyon le 28 avril 1855, un rapport du commissaire Claverie cite : « Je m’y rendis hier matin. Il y avait 7 cadavres. On fit approcher le tombereau de la fosse commune et on fit faire la bascule. Les 7 corps roulèrent les uns sur les autres. On jeta un peu de terre et ce fut tout ». Ce que l’on peut affirmer par contre, c’est qu’avec la laïcisation des cimetières engagée par la loi du 5 novembre1881 et complétée par celle du 28 décembre 1904, le transport du corps est fait dans un cercueil, rendant caduque l’utilisation du « cercueil des pauvres ». Celui-ci, abandonné bien souvent dans un environnement pas toujours favorable, s’est dégradé et a été mis au rebut.
 
Celui de Saint Maurice, rangé au sec dans les combles de l’église, a traversé les décennies et existe toujours. S’il n’est pas dans un état très reluisant, il reste le témoin d’une époque et fait partie du patrimoine un peu oublié de notre village.
 
N.DILLMANN, "Histoire et Patrimoine de Saint Maurice"

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